Résistance(s), lettre d'un professeur

Reçu hier d'un professeur du collège Charlemagne de Laon sur le mail de la Cie Nomades :

Bonsoir Jean-Bernard, je ne suis pas un grand amateur des critiques "à chaud", j'aime bien laisser le temps à mon esprit de s'imprégner, d'absorber, de digérer avant de faire un retour sur la trace qui reste et subsiste. Tu sais quoi ? Rien n'a changé. Majestueux. Jamais je n'ai ressenti autant d'émotions dans une salle de théâtre. Saisi, transpercé, bouleversé j'ai été, jusqu'aux entrailles. La proximité avec les comédiens ? la sincérité dans leur interprétation ? la poésie du texte ? le symbolisme de la scénographie ? le fait d'avoir eu la chance de participer à une répétition ? Honnêtement, je ne saurais réellement te dire. Toujours est-il que je me suis totalement laissé porter par une déferlante qui m'a happé et inéluctablement porté jusqu'à l'issue, tragique bien sûr, mais pas seulement. L'interprétation de Sophie (et de son frère) m'a particulièrement bousculé, jamais je n'ai vu d'aussi près un comédien habité comme Anna. J'ai adoré le jeu autour de l'étoile, j'ai adoré la symétrie de ces destins qui se rejoignent (dans l'espace dramaturgique comme sur l'espace scénique), j'ai adoré l'accélération du tempo vers le dénouement, inexorable. Ma fibre d'étudiant germaniste a fortement vibré, me replongeant dans Im Westen nichts Neues de Remarque, Draußen vor der Tür de Borchert et la poésie de Trakl. Tu l'auras compris, Jean-Bernard, je te remercie mille fois pour cette invitation. Les années se suivent et je suis de plus en plus bluffé par la poésie qui se dégage de tous ces spectacles. Merci pour les élèves qui t'écouteront. Merci pour le théâtre. Et très honoré de travailler à tes côtés (si cela reste possible) pour les mises en voix et l'écriture de tracts en différentes langues. Je souhaite à cette pièce tout le mérite qui lui revient. A très vite.